Das grosse Los!

Ma chère Julie,

Tu sais évidemment pourquoi je m’adresse à toi. Peu de gens le savent, mais c’est avant tout à toi que je dois l’idée de cette année particulière. Nous sommes en 2011. Après une rupture de quelques mois, Jo et moi retrouvons des envies communes. Ce passage à travers le désert nous a fait du bien. Mais il s’en est fallu de peu pour que le destin prenne un autre cours: j’étais à deux doigts de te quitter toi et les autres collègues pour déménager à Copenhague, ma deuxième ville natale que je ne connais que trop mal. Depuis quelque temps, mon côté danois me titillait. Tous ces étés passés là-bas, ces souvenirs d’enfance, ces heures de pur bonheur dans la nature sauvage à la côte, entre les sauterelles, les méduses et les églantiers me donnaient envie d’y retourner, qui sait pour de bon? Tout comme toi – je me souviens de ton road-trip américain – j’ai toujours adoré voyager. Pas le genre de voyages populaires ni fascinants, en tous cas par pour la plupart d’entre-nous. La plage d’Antalya ou faire le tour du monde, ce n’est pas mon truc. Parce que je pense qu’il y a tellement de belles choses à voir tout près de chez nous. Là aussi, tu en es la meilleure preuve: ton amour pour Bruxelles et tes magnifiques photos de notre capitale éclectique parlent d’eux-mêmes. J’avoue que l’idée de voir exploser mon empreinte écologique le long des multiples voyages en avion me rebute aussi. Un jour je ferai une petite exception, pour l’Inde ou pour la Russie, ma vieille copine. Tu me diras de pédaler, ça émet moins de CO2. Ben oui, j’y ai pensé. Que j’admire ceux qui s’en vont découvrir le monde à vélo, rien qu’eux, leurs roues et le vent. En parlant de vent, je m’emporte.

C’est donc vers août 2011 que tu m’as conseillé le blog “Vor mir die Welt”. Meike Winnemuth, une journaliste allemande, a gagné le grot lot et décide de voyager de ville en ville pendant un an. Dans son blog, qui est entre-temps paru sous forme de livre, elle nous fait voyager. C’est quand elle se trouve à Copenhague que tu penses à moi. Je ne t’en remercierai jamais assez. Quelle inspiration! Une ville par mois pendant un an. La cadence est élevée, un peu trop à mon goût, mais j’avoue m’être sérieusement inspirée de son concept et surtout de sa sagesse. Après pas mal de discussions sur le pourquoi et le comment, voilà que Jo et moi décidons en 2012 de partir en juillet 2014. Les villes? Tu en aurais certainement choisi d’autres, non? Il y en a tant. Jo veut concrétiser son amour pour l’Italie. De mon côté, je ne renonce pas à Berlin et Copenhague. Londres nous intrigue tous les deux. Ajouter d’autres villes risque d’étouffer le projet: nous n’avons déjà ‘que’ trois mois par destination, ce qui est assez court tout compte fait. Peut-être même trop. Le temps de s’installer, de s’habituer et d’y fonctionner… voilà que la prochaine destination se manifeste à l’horizon. Cela fait presque trois semaines que nous sommes à Berlin, dur dur de s’imaginer devoir déménager à Rome, on est tellement bien ici. Et puis il nous fallait un peu parler la langue aussi! On na va pas faire les gros touristes non plus. Bien que ça craint pour moi en Italie: je viens de commencer le cours que j’ai emprunté à la bibliothèque (“Italienisch in 4 Wochen”, ganz schnell) et franchement, je ne le sens pas encore. L’Europe latine et moi, est-ce qu’on s’entendra un jour? Allez hop, mi chiamo Birgitt. Scusa, Brigitta. De son côté, Jo se débrouille étonnament bien en allemand. Et le danois, il le parle – presque – couramment (mais personne ne le comprend. M’enfin, les danois ne se comprennent pas entre eux non plus). C’est rassurant.

Tu es l’une des rares personnes qui ne m’a pas demandé, avec un air inquiet :

Tu n’as pas peur de t’ennuyer?

Vraiment, on me l’a demandé. Mon papa m’a appris quelques leçons de vie que je retiens bien, dont l’affirmation que les personnes intelligentes ne s’ennuyent pas. Attention, je ne sais pas si cela vaut également dans l’autre sens: est-ce que celui qui ne s’ennuie jamais est intelligent? Il faudra que quelqu’un creuse le sujet. Mais je sais que je ne m’ennuie jamais, que du contraire. Il faut souvent me calmer un peu, car si je pouvais acheter des heures pour allonger ma journée et exécuter les innombrables plans qui me passent par la tête, je le ferais immédiatement. Heureusement, la longueur du temps est une des choses pour lesquelles nous sommes tous égaux. Donc non, ce ne sont pas les envies et idées qui me manquent pour cette année, à commencer par la lecture, le vélo, la découverte, l’histoire, le bénévolat, les langues, le sport et les défis bizarres. Je pense que ces derniers ont commencés quand je travaillais encore avec toi, chez UNICEF. Sandrine et Pasca avaient décidé de ne pas boire d’alcool pendant un mois. Comme, dans mon cas, ce n’aurais pas été un défi, j’avais suivi avec un mois sans chocolat. Au mois de décembre. Tu vois bien l’horreur, hein? S’en sont suivis: les mois végétaliens, le mois sans plastique, le mois sans achats. Cela paraît être un bête passe-temps, mais c’est extrêmement instructif. Cela te tentes? Prochain défi: le raw food. Si tu le veux bien, j’y reviendrai plus tard car la prochaine sortie m’appelle. Et l’heure avance.

Liebe Grüße aus Berlin

Birgitt
PS: Mille mercis à Patrick et toi pour le livre et votre carte qui m’accompagnera tout au long de cette année – et bien plus loin encore. C’est ma nouvelle bible. Et celle de quelques autres berlinois aussi apparemment.
 

Wurde im mittelalter in eine kirche und im ghostwriter bachelorarbeit kosten 16.

Leave a Reply

Your email address will not be published.
Required fields are marked:*

*