La vie ralentit, les bruits s’estompent, les chiens flânent, leurs maîtres attendent patiemment que Mirza se décide, l’odeur du café reprend le dessus, les voitures laissent occasionnellement passer un piéton, les enfants sortent leur trottinette, les grands-pères leur vélo et enfilent leur maillot super-pro de 1975 et les romains… osent sourire. Dimanche matin, Rome respire.
Nous voilà au « Bar del Cappuccino », un des quelques cafés du quartier ouverts le dimanche, terrasse et soleil à l’appui. Nous sommes le 30 novembre, il fait 23 degrés. Soupir. J’attends l’hiver, le froid, mes écharpes et bonnets avec impatience. Ce sera pour Londres. Noël est, quant à elle, pourtant déjà bien présente ici : illuminations, décorations dans tous les magasins, un assortiment interminable de panettones dans les grandes surfaces. Il ne manque plus que le marché de Noël qui débute – entre autres – demain sur la Piazza Navona. Le patinage sur glace ? Un vrai défi cette année il me semble.
Le tour à vélo est aujourd’hui remplacé par de la course à pied, le « Corri alla Garbatella », une course de 10km dans notre quartier. Pour tout vous dire : j’aurai voulu y participer mais voilà, faire du sport en Italie est moins simple que cela n’en a l’air. Il vous faut non seulement une attestation médicale mais aussi être membre d’un club d’athlétisme local. C’est donc perdu d’avance, sauf si je fais une petite prière pour qu’ils acceptent mon attestation artisanale (en français) que mon médecin a bien voulu m’écrire à la va-vite et que je paie – ben oui – une contribution supplémentaire (pour une carte de membre d’un jour, vous comprenez bien). C’est d’un tel ridicule que je n’en ai plus envie, probablement à tort. Idem pour la natation : hormis le certificat, la séance dans une petite piscine de 15 mètres, ouverte uniquement le dimanche, coûte 8€. Il faut avoir très envie pour s’y mettre. Jo a persévéré, lui, par manque d’alternatives, et s’est inscrit au fitness local. Toute une aventure… Etant dans le doute moi aussi, je l’ai suivi lors pour une séance d’essai (plus de doute : je continuerai gentiment à courir dehors en veillant à ne pas me faire écraser ou à me casser une jambe sur le parcours d’aventurier que forme ce bon vieux trottoir romain). Dans les vestiaires, je vois des dames qui sortent de la douche et se font belles : brushing, maquillage, crème par-ci, pssht par-là. Je m’en vais dans la salle faire quelques exercices. Une poignée de minutes plus tard, ces mêmes dames attendent le début de leur cours devant l’entrée de la salle. Ah ? Donc ici on se fait belle AVANT de faire du sport ? Je comprends pourquoi tout le monde me regarde : je ne suis pas maquillée, brushée, huilée, parfumée et pouponnée et j’ai les cheveux gras, ben oui, je les laverai APRES le sport, non ? Les hommes sont tout aussi obsédés par leurs apparences et se reluquent fièrement les muscles dans le miroir. Et à votre avis (selon un certain J. B.), à quoi servent les sèche-cheveux dans le vestiaire masculin ? Hein ? Eh bien oui, à se sécher les bijoux de famille après la douche. Pratique.
Retournons à nos cappuccinos. La course passe justement au moment où on arrive, mais l’ambiance est assez différente de celle du marathon de Berlin. Oui, je sais, je compare des pommes et des poires. Mais bien qu’on est dimanche, que le soleil brille, qu’on entend presque les oiseaux et le barman chanter, les automobilistes s’énervent. Ils doivent évidemment attendre trois minutes ou faire un détour pour pouvoir passer. Le pauvre bénévole sur le rond-point où on se trouve fait de son mieux pour les calmer et imposer sa volonté, mais le chauffeur romain ne se laisse pas dompter par un homme en veste fluo et quelques centaines de coureurs. La route est à lui, et à lui seule, du lundi au dimanche inclus, jour et nuit, et que personne ne s’y risque : piétons, coureurs, cyclistes, enfants et tutti quanti – il n’ont qu’à rester chez eux et bouger dans leur salon s’ils n’arrivent pas se retenir. Le feu rouge ? C’est pour rigoler. Les passages pour piétons ? De la déco. Les trottoirs ? Mon parking. Les limitations de vitesse ? Et quoi encore.
Ne pas parler italien m’aide à rester polie. Combien de fois je me suis déjà énervée, je fustige intérieurement et parfois un « godverdomme ! » m’échappe. Quelques regards étonnés – j’ai l’habitude ici – et la vie continue. Après un concert de klaxonnements, une voiture qui passe à travers le barrage, des coureurs qui doivent s’arrêter pour laisser passer l’automobiliste au risque de se faire renverser pendant leur course, notre pression artérielle atteint des sommets. On décide d’aller se balader pour évacuer les stress – c’est dimanche et la dolce vita après tout. Jo me raconte que pendant que j’étais partie chercher de l’argent au distributeur, les hommes du café se sont amusés à lancer des glaçons en direction de quelques coureuses.
Rome, ville de contrastes, typée de nombreux extrêmes malsains. Les romains et tout le pays le savent, mais les choses ne bougent pas, ou trop lentement. A quoi bon aussi ? Après moi les mouches.
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